Ahmed Benaïssa (en arabe : أحمد بن عيسى), né le 2 mars 1944 à Alger et mort le 20 mai 2022 à Cannes, est un acteur franco-algérien. Enfant, Ahmed Benaïssa est fasciné par les fêtes religieuses de Nédroma où il passe ses vacances d’été et à 9 ans, à Mazouna, il joue devant la caméra 9,5mm d’un autre gamin durant 1mn30 ! La magie du spectacle l’entraîne à se fabriquer son propre cinéma avec un carton. Il rejoins son père à Paris qui s’y était replié après sa libération suite à des activités indépendantistes en Algérie. Dans l’Oise, à l’internat du collège,il devient projectionniste attitré. En 1960-61, il est à Lyon, il a 17 ans, et fréquente la scène artistique locale au Théâtre de la Cité. Il y assiste au spectacle Al Capone, mis en scène par Planchon. C’est l’éblouissement. A l’indépendance de l'Algérie en 1962, le consulat de Lyon l’intègre dans un stage d’animation à l’intention de compatriotes venus d’Algérie, puis rentre en Algérie, à Sidi Bel Abbès, où il rentre au conservatoire municipal dirigé alors par Saïm El Hadj. En Juillet 1964, en visite familiale à Alger, il convainc Bénaïssa Boudia et Mustapha Kateb d'intégrer un stage de sortants de conservatoires à l’initiative du TNA (Théâtre National Algérien). Après six mois de formation, il est classé premier dans chaque discipline. Sa première distribution s’effectue sous la houlette de Alloula en 1966/67 dans Monnaies D’Or. Il y sera époustouflant. Le TNA l'envoi en stage de perfectionnement en France, puis il enchaine à l'Institut International du Théâtre. En 1968, il est dans la troupe Perennetti et Jean Marie Serreau en tournée à travers l’Europe. Boulimique, Il fera du café-théâtre, du cinéma. En 1971, il revient en Algérie, et y découvre un théâtre en régression, vidé de sa substance et voué à la propagande. Il prend ses distances après trois années les planches, et se dirige vers le cinéma, alors en pleine évolution en Algérie. Pendant dix années, il y est à l’affiche sur le grand comme sur le petit écran. En 1985, il revient au théâtre, alors dans un contexte de "crise des textes" à l'image du pays à cette époque. Il devient metteur en scène, d'abord d'un théâtre pour enfants avec une superbe Kalila ou Dimna. En 1996, il dirige le Théâtre de Sidi Bel Abbès alors en situation léthargique depuis que Kateb Yacine n’y était plus. Il y injecte du sang neuf avec de talentueux jeunes artistes locaux : Abbar Azzedine, Yahia Benamar, Niddal el Mellouhi et d’autres. Il reviendra au TNA. Sa plus belle création aura été El Maghara El Mounfajira en 2007 d’après La Grotte Éclatée de Yamina Méchakra adaptée par Haïder Benhassine. Sur deux décennies, il monte des des spectacles où il forme au métier d’acteurs des comédiens. Au cinéma, en France et en Europe, on continue à faire appel à Ahmed pour sa "gueule", sa précision et son talent. Le 20 mai 2022 à 4h30 du matin, Ahmed Benaïssa décède à l'âge de 78 ans, en pleine promotion du film Goutte d'or au festival de Cannes 2022, d’une embolie pulmonaire dans son sommeil dans un hôpital de Cannes où il avait été évacué après un malaise. Il est inhumé au cimetière d'El-Alia à Alger.